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Quand les robots auront des émotions

Pas de répit pour LABORIUS

Le robot Spartacus
Le robot Spartacus

Lorsqu'on franchit la porte 5103, au cinquième étage du pavillon de génie, on tombe sur un ensemble hétéroclite de troncs de robots montés sur des roues, de pièces de rechange, d'équipements électriques et d'ordinateurs. Le Laboratoire de robotique mobile et de systèmes intelligents (LABORIUS) tient un peu du garage, et pourtant on y fait des recherches de calibre international en robotique et en intelligence artificielle : en 2006, il a remporté cinq prix à la conférence annuelle de l'American Association for Artificial Intelligence. Le «bébé» du laboratoire, le robot Spartacus, a réussi à s'inscrire lui-même à la conférence, à assister à des présentations et à échanger avec les conférenciers. Derrière ces opérations apparemment anodines se cachent des systèmes informatiques et mécaniques complexes qui doivent gérer une quantité énorme d'informations visuelles et sonores, prendre des décisions et être capables de discuter le plus naturellement possible avec des humains. François Michaud, qui dirige LABORIUS depuis sa création en 1997, a toutefois peu de temps pour s'arrêter sur les exploits passés du laboratoire : il consacre son énergie à l'amener à un niveau supérieur avec la construction du Centre d'excellence en génie de l'information, qui doit ouvrir ses portes à la fin de 2010 ou au début 2011. «Le Centre nous donnera un vrai hall d'expérimentation avec des caméras et d'autres systèmes d'observation qui nous permettront de rendre nos travaux encore plus scientifiques, explique-t-il. Notre but est d'intégrer les robots dans la vraie vie, alors on a besoin de les étudier en situation réelle.» Un vrai terrain de jeu pour le petit frère de Spartacus, Johnny-0, qui verra le jour à la fin de 2009!

Une approche pragmatique de l'intelligence artificielle

Froduald Kabanza
Froduald Kabanza

Froduald Kabanza est professeur au département d'informatique de l'Université de Sherbrooke. Il ne vise pas à reproduire l'intelligence humaine, un objectif encore très ambitieux. Mais ça ne l'empêche pas d'obtenir des résultats concrets dans le domaine de l'intelligence artificielle : «Je préfère partir d'une application informatique de la vie réelle et pousser le logiciel à un niveau supérieur, sans avoir à déterminer quels sont les mécanismes fondamentaux de la décision chez les humains», explique-t-il. Par exemple, le Groupe de recherche en ingénierie du logiciel (GRIL), qu'il dirige, développe avec l'Agence spatiale canadienne un simulateur du bras canadien, qui est rattaché à la Station spatiale internationale. Le défi est de faire en sorte que le logiciel «comprenne» les intentions du manipulateur en formation pour le guider dans ses gestes. Comme les utilisateurs ont des profils variés, il s'agit d'une tâche assez complexe pour le programme de simulation. Un autre exemple est donné par une recherche appliquée d'un de ses étudiants au doctorat, Mathieu Beaudoin. Avec le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, il a élaboré un logiciel de gestion des médicaments administrés au CHUS qui sera implanté cette année. Le logiciel vise à réduire les erreurs de prescription en donnant des conseils aux pharmaciens et aux médecins, tout en permettant à ces derniers d'accepter ou non les recommandations. Le logiciel s'autoajuste continuellement en fonction des décisions des professionnels pour donner de meilleurs conseils la prochaine fois. Par exemple, un hôpital où sévit le C. difficile pourrait refuser de donner un médicament qui renforcerait l'épidémie, même si ce médicament serait normalement approprié.